Vous
connaissez certainement ce texte que les deux noms cités
permettent d’authentifier sans risque d’erreurs. Il
s’agit en effet des aventures qui ont frisé la catastrophe
que nous a livré Jules Verne (1828-1905) dans un de ses livres
les plus célèbres « Le Tour du monde en
quatre-vingts jours ».
Citons Philéas Fogg. « Je parie vingt
mille livres contre qui voudra que je ferai le tour de la Terre en
quatre-vingts jours ou moins, soit dix-neuf cent vingts heures ou cent
quinze mille deux cents minutes ; Acceptez-vous ? » La
narration de ce voyage et les aventures fameuses que connut
Philéas Fogg, en train, paquebot, goélette,
traîneau, éléphant… nous donne un
merveilleux roman riche d’épisodes hauts en couleurs.
Une préparation minutieuse seule,
permettra-t-elle à notre voyageur d’arriver à
l’heure à Londres ? Mais les retards pris, en particulier
pour le sauvetage de la Princesse Aouda dont il s’éprend
et qu’il demandera en mariage le conduisent à un fatal
retard d’une journée… MAIS NON, notre formidable
globe trotter parti de Londres vers l’EST, c'est-à-dire
à l’inverse du mouvement solaire et qui a gardé
pendant tout son voyage l’heure de Londres n’a pas tenu
compte du décalage horaire d’une journée que le
choix du sens de son trajet allait lui imposer. Citons de nouveau Jules
Verne.
« Pendant que Philéas Fogg, marchant
vers l’Est voyait le soleil passer quatre-vingts fois au
méridien , ses collègues restés à Londres
ne le voyaient passer que soixante-dix-neuf fois. » Et vous
connaissez la suite. Le voyage sera bouclé dans les
délais prévus et Fogg épousera la belle Princesse
et gagnera aussi son pari !
Ce livre traduit en de nombreuses langues a ravi et
ravit tous ses lecteurs. L’idée n’est cependant pas
de Verne. Elle est entièrement reprise d’Edgar Poe
(1809-1849) et vous trouverez dans l’édition que nous
citons de ce livre, l’édition originale enrichie
d’un excellent dossier littéraire et historique de 220
pages. Et dans cette étude, je vous renvoie vers « La
semaine des trois dimanches ».
LA PICAROGE.
Je ne vous parlerai donc plus du problème
permanent que rencontrent tous les voyageurs qui quittent le sol
où ils vivent pour quelques séjours lointains sous des
longitudes très différentes. Un petit voyage sur internet
vous donne avec l’heure de Londres, l’ heure qu’il
est, au même moment, dans toutes les grandes villes du monde.
Six heures de décalage pour la côte EST de
l’Amérique du Nord. Je le sais. Donc à Pointe
à Pitre où je suis, il est 12h ce qui fait à Paris
18h. Ce n’est pas simple de choisir entre ajouter et soustraire !
Et puis s’il est ici, lundi à 05 h, puis-je appeler Mamie
restée à Paris ? Sera-t-il lundi à 11 h ou
dimanche à 23h. ? Des calculs de ce genre sont le lot de nombre
de voyageurs; Comment s’en dispenser ?
Une solution assez simple est d’emporter deux
montres dont l’une indiquera l’heure de la ville de
départ et à laquelle je ne toucherai pas ; l’autre
sera mise à l’heure de la ville d’arrivée.
La picaroge de Serge :
Voyez dans ce nouveau mot (ce néologisme) : un assemblage de
deux mots tronqués : Picardie et Horloge (dans le premier cas
les linguistes appellent cette suppression de la seconde partie
d’un mot (comme dans métro ou interro) une apocope et dans
le second, l’ablation de la première partie du mot (comme
dans bus ou pitaine) une aphérèse. Et nos deux morceaux,
par recollement (ou concaténation) nous permettent de forger un
nouveau mot. Disons que Serge habitué maintenant sur
Diogène à couper la tête et la queue des poissons
qu’il jette à la mer, mettra à la poêle le
corps de cet animal marin, et il aura - jeu de mots créé
sans maux excessifs - pratiqué comme le chirurgien, une double
ablation, puis une greffe… de mots. Aucune dorade, aucun exocet,
pas un seul hareng ou morue ou anguille mangé par notre
linguiste distingué n’ a fait connaître son
désaccord. Serge, sur Terre, notre marin jette le corps des mots
et sur mer déguste le corps de ses poissons.
(En fait, Serge en forgeant ce mot s’est
certainement inspiré de « swatch » mot et concept
que je vous laisse le soin de désarticuler et de comprendre).
La picaroge de Serge lui
évite bien des problèmes. Il l’a fait construire
par des étudiants de notre célèbre école
d’ingénieurs en électronique d’Amiens,
l’ESIEE . Le microprocesseur breveté est enfermé
dans un boîtier en aluminium (légèreté et
résistance à la corrosion obligent) et Serge dispose de
deux affichages (l’un pour l’heure d'Amiens et
l’autre pour l’heure de la ville où il se trouve).
Bien entendu, la picaroge est synchronisée sur
une horloge atomique et tient compte aussi de nos heures
d’été ou d’hiver, des années
bissextiles ou non, de la fameuse seconde additionnelle telle celle que
nous ajoutons règulièrement à le dernière
minute de l’année,…Vous savez aussi que Serge est
en liaison avec le reste de l’humanité par
téléphone satellite et qu’il reçoit et
envoie ses SMS sans difficultés. Isolé, est-il vraiment
solitaire ?
Et dans un prochain texte, nous vous parlerons un peu
d’autres soucis quotidiens de Serge. Il y a plus de six semaines
que Diogène vogue, et ma foi, pas de mutinerie de
l’équipage et le capitaine n’a pas l’air
malheureux du tout. « Pourvu que ça dure » disait
Maria Létizia Ramolino, mère de Napoléon 1er,
inquiète de l’ascension rapide de son fils. Ecoutez les
vents d’Ouest ; vous entendrez peut être aussi ce cri
quotidien de Serge 1er !
bibliographie : Jules Verne. Le tour du monde en quatre-vingts jours Pocket Classiques