Ce n’est pas dans sa somptueuse cabine à
ciel ouvert de Diogène que notre capitaine a fait tous ses
calculs. Non, c’est bien de son bureau, sur Terre ; et bien
entendu, il a utilisé la magnifique « calculatrice de Romain »,
ce merveilleux outil qu’il a découvert sur le site de
l’ADCS et qu’il a, comme vous et moi,
téléchargé.
Et puis, studieusement il a réétudié comme un bon lycéen, sa géographie en téléchargeant le document « Représenter la Terre » (fichier
pdf) qui est un magnifique « travail
dirigé » écrit pour des élèves
de seconde , mais consultable dès que l’on sait ce
qu’est un sinus et un cosinus ; et vous retrouverez sur
celui-ci notre cher capitaine Haddock !
Vous
savez ce que sont longitude et latitude ; ces données
permettent de situer exactement tout point de notre Terre et Serge
grâce au GPS (voir texte T 81)
connaît à tout instant sa position en mer. (Ce
système américain de télédétection
sera(it) bientôt remplacé par un système
européen : GALILEO). Mais cette exceptionnelle
possibilité technique est tout à fait récente. Et
la conquête d’un moyen de repérage , fiable et en
mer , vaudra en 1714 la création d’un prix (le Longitude
Act) de 20 000 livres pour celui qui pourrait déterminer la
longitude d’un lieu à un demi degré près
(cette somme est énorme et Simaan (voir bibliographie)
précise que le salaire annuel de Bradley, astronome royal
était de 100 livres). Il fallut à Harrison le labeur de
toute une vie (il gagne cette prime en 1759) pour atteindre cet exploit
(voir l’excellent livre de Dava Sobel cité dans notre
bibliographie).
Hergé construit l’ histoire de Rackham Le Rouge (voir texte T 82)
à partir d’un fait authentique. Jusque 1884
(Conférence internationale de Washington), les cartes
utilisées par les Anglais avaient pour méridien origine
le méridien de Greenwich (banlieue londonienne) et les
Français utilisaient le méridien de Paris, mais
d’autres le furent aussi tel celui de l’île de Fer.
La croissance des échanges commerciaux mondiaux imposait une
législation commune. Et c’est par 22 voix pour le choix de
Greenwich, (dont l’Angleterre), 2 abstentions (La France et le
Brésil) 1 désapprobation ( St Domingue) que
Greenwich fut choisi pendant cette conférence comme
méridien 0 ; notons cependant qu’à
l’unanimité (sauf la France qui s’abstint) fut
décidé de compter les longitudes vers l’Est et vers
l’Ouest, et que le principe des fuseaux horaires fut
adopté ; l’emploi exclusif du système
métrique, création bien française, y sera
fortement encouragé.
Et j’espère que l’île de
Rackham vous rappellera « L’île
mystérieuse » de Jules Verne,
célèbre roman où l’écrivain picard
vous conte comment Cyrus Smith et sa petite poignée d’amis
opérèrent pour déterminer simplement les
coordonnées de cette île qui sera leur univers pour de
bien longues journées.
Et quelques calculs maintenant.. Nous nous contenterons
ici de donner des « formules » de calcul. Nos
jeunes lecteurs à qui ce texte est destiné pourront
toujours solliciter leur professeur de mathématiques (ces
gens-là sont très sympathiques) pour comprendre comment
elles ont été établies.
Nous noterons L et l les longitudes d’un point.
Assez curieusement et malgré les recommandations de la
conférence de Washington, vous verrez (par exemple sur internet)
que les longitudes sont parfois comptées depuis Greenwich
certes, mais de 0 à 360° vers l’Est ! (la
longitude de Pointe à Pitre, 61°W 31 devient alors
298°29).
Longitude et latitude sont comptées en
degrés, minutes et secondes, mais vous pouvez aisément
les transformer en degrés décimaux.. Les calculs font
intervenir des angles que vous mesurez soit en degrés , soit en
radians et vous savez que
180 ° = 2 π rad, soit 1° = 2 π / 180 rad ou 1 rad = 180 /2 π degrés
(remarquez que la calculatrice de Romain effectue les calculs en degrés ou en radians)
Nous connaissons bien la première
définition (1791) du mètre ( il est égal à
la dix-millionième partie du quart du méridien
terrestre), ce qui signifie que le méridien vaut 40 000 km.
(remarquons bien que
« méridien » désigne ici un cercle
de la surface terrestre passant par les pôles, alors que, en
cartographie ou en navigation, le méridien désigne le
demi-cercle.. Mais le contexte fera toujours qu’il n’y aura
pas d’ambiguïté de compréhension. Quant
à cette longueur qui nous donne le mètre, elle reste
théorique , et pour les géographes (voir l’IGN,
Institut Géographique National), la valeur actuelle du
méridien est de 40 007,864 km et celle de l’Equateur
de 40 007,017 km. Oui, la Terre est ronde !
Ne confondons pas non plus le mille et le mile de nos amis de langue anglaise ;
La
verticale d’un lieu P (direction du fil à plomb),
c’est la direction du centre de la Terre. Ainsi deux verticales,
même de deux lieux bien peu distants ne sont pas
parallèles puisqu’elles se coupent au centre de la Terre
(figure 1). Puisque le méridien mesure 40 000 km, les
verticales d’un pôle et d’un point de
l’équateur, font un angle de 90° et l’arc de
méridien entre ces points est de 10 000 km. ; nouvelle
division par 60. A un angle des verticales de 1° correspond un arc
terrestre de 111,111 km. Et si vous divisez maintenant ces nombres par
60, vous trouverez donc que la distance de deux lieux dont les verticales font un angle de 1 minute est de 1 852m. C’est cela le mille marin ! .
Et voici une autre unité, de vitesse cette
fois : le nœud ; c’est la vitesse d’un
mobile qui parcourt un mille par heure (l’expression
« filer » 5 ou 10 nœuds provient d’un
ancien instrument de mesure des distances parcourues en mer. Un« loch », corde à nœuds régulièrement espacés d'1/120 ème de minute, soit 15 m,
filait dans l’eau et c’est le nombre des nœuds
mouillés dans un intervalle de temps bien défini qui
permettait de calculer la vitesse du bateau. Avez-vous remarqué sur le site de Serge que sa vitesse journalière est donnée en nœuds)
Le mile ( enviton1609 m) est une unité
qu’utilisent les Anglo-saxons et qui provient vraisemblablement
d’anciennes unités romaines. Voyez donc les compteurs des
voitures made in USA ou made in England !
Calculons la distance de deux points du globe.
Examinons d’abord quelques cas particuliers simples :
- Ces deux points sont sur un même méridien (figure 2)
Appelons l1 et l2 leurs latitudes ; notons α (en radians) la différence l1 – l2
La longueur de l’arc AB est R α (R désigne le rayon de la Terre)
Un exemple :
Amiens et Paris sont sur le même
méridien. La capitale de la France a pour latitude 48°,87N
(= 0,853 rad ) et celle de la Picardie 49°,89 N(=0,870 rad).
α = 0,017 rad; le rayon R de la terre est 40 000 km /
(2π) et l’arc Amiens-Paris mesure donc 108,225 km
- Ces deux points sont sur un même parallèle. (figure 3)
Il nous faut d’abord connaître le rayon de
ce parallèle. Appelons l la latitude d’un de ses points..
Le rayon du parallèle est alors R’ = R cos l
 |
VILLE
|
Latitude
|
Latitude
degrés centésim.
|
Latitude radians
|
Rayon du parallèle
|
Longueur R' du parallèle
|
Pôle Nord |
90N
|
90°
|
π/2
|
0 km
|
0 km
|
Paris |
48N52'
|
48°,87
|
0,853
|
4 187 km
|
26 309 km
|
Santa Cruz |
28N27'
|
28°,45
|
0,497
|
5 596 km
|
35 161 km
|
Pointe à P. |
16N14'
|
16°,23
|
0,283
|
6 113 km
|
38 409 km
|
Point équateur |
0N
|
0°
|
0
|
6 366 km
|
40 000 km
|
|
Et si nous prenons maintenant deux points d’un
même parallèle de rayon R’, points de longitude L1
et L2, nous obtenons comme précédemment la longueur de
l’arc CD qui vaut R’.(L1-L2) (L1 et L2 en radians).
Exemples :
Pour le parallèle de Paris, 2 points de longitude
L1 = 40W (0,698 radian) et L2 = 30W(0,524 radians) sont à la
distance d = 4 187.(0,698-0,524) km =728,54 km.
Si on était sur le parallèle de Santa
Cruz, la distance serait de 973,70 km. Et sur le parallèle de
Pointe à Pitre, elle serait de 1 063,66 km. Bien entendu, pour
la pôle, la distance serait nulle et pour 2 points de
l’équateur, d = 1 111,111 km.
- Beaucoup plus délicat maintenant.
Nos points M1 M2 de coordonnées (L1, l1) et (L2,
l2) ne sont pas situés sur le même méridien, ni sur
la même parallèle.
Vous pourrez vérifier que la distance (selon l'orthodromie) est alors donnée par la formule :
d = R Arcos (cos l1cos l2 cos (L1- L2) + sin l1 sin l2)
Nous pouvons alors calculer la distance entre Pointe
à Pitre (L1=61°,32, l1=16°,23) et Santa Cruz
(L2=16°,15, l2=28°,45). On obtient d = 4 806 km. (il
s’agit donc de la distance la plus courte qu’aurait pu
parcourir Serge)
Avant que de nous quitter, 2 petits
problèmes : avez-vous déjà entendu dans les
rumeurs océanes, l’harangue matinale très
cornnélienne de Serge qu’il destine, face à
l’astre du jour, à la faune qui l’environne :
« A dix milles d’ici, je te le fais savoir !
« ? Oui, je suppose ! Et bien voici donc Serge, debout
sur le plancher de Diogène, ses yeux étant à 1,70m
du plancher (donc de l’océan). Quelle est la distance du
point, à l’horizon, que peut percevoir Serge s’il
est debout dans sa barque ?
Et
maintenant Serge gonfle un petit ballonnet qui emporte une
caméra. L’appareil est à 100 m au-dessus du niveau
de l’océan. Quelle est maintenant la distance du point le
plus éloigné que la caméra embarquée peut
filmer ? ( figure 4) Et quelle surface d’eau peut-il
filmer ?
A bientôt
bibliographie
ADAPT Editions Arkaan Simaan et Joëlle Fontaine l’image du MONDE des Babyloniens à Newton.
Voir aussi celle du texte T85
Retrouvez Serge sur son site...
|