yves roussel |
Dans cette page : Mais voir aussi dans ce site les
pages sur les revues, livres et objets de l'ADCS, résultats
de l'action d'Yves Roussel ! |
Biographie d'Yves Roussel, par Jean Capron et Christian Boyer
|
Yves Roussel est né le 28 novembre 1938 à La Bassée (Pas-de-Calais). Sa mère est décédée à sa naissance. Yves a donc été élevé par son père, instituteur, et ses grands-parents paternels en même temps que sa sœur Claudine et son frère Jean-Claude. Depuis 1945, son père était en poste à Huclier, petit village d'une soixantaine d'habitants, près de Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais). C'est dans ce village qu'Yves a passé sa jeunesse, il a laissé de lui le souvenir d'un enfant très éveillé, mais surtout très espiègle. Il a suivi ses études secondaires au lycée de Saint-Pol-sur-Ternoise jusqu'en Terminale en 1956, mais il a échoué aux épreuves du baccalauréat. Il a passé l'année scolaire 56-57 au lycée d'Avesnes-sur-Helpe (Nord) pour sa deuxième Terminale, tout en étant maître au pair dans cet établissement, et a obtenu en fin d'année son baccalauréat "math-élem". Après quelques années d'études supérieures à la Faculté des Sciences de Lille, il a obtenu un poste d'enseignant. Nommé professeur de mathématiques au Collège Sagebien d'Amiens (Somme), il s'est installé, avec son épouse et ses deux filles Corinne et Valérie, dans cette ville où il restera ensuite toute sa vie. |
Yves Roussel publie aussi des livres. D'abord en 1976, il signe avec Marc Odier son premier livre : "Surprenants triangles". Puis en 1979, toujours chez CEDIC, il publie une traduction française d'un livre de Martin Gardner. Puis en 1980, avec d'autres membres de l'ADCS, il écrit un livre, numéro spécial du Petit Archimède, sur le nombre p. D'autres livres suivront ensuite. En 1981, il organise les journées nationales de l'APMEP à Amiens. Le Petit Archimède arrive au numéro 100 en 1984, où il est remplacé par le Nouvel Archimède, d'accès un peu plus difficile, dont il y aura 11 numéros. Puis en 1989, nouvelle revue : le Jeune Archimède. |
Yves Roussel est président de la Régionale Picardie de l'APMEP de 1991 à 2000. En 1996, il écrit à nouveau un livre, cette fois-ci avec Louis Marquet et Albert Le Bouch : "Le système métrique, hier et aujourd'hui"
Alors que l'ADCS ne publie plus de revue papier depuis l'arrêt en 1993 de Jeune Archimède, il fait une nouvelle tentative de revue en 1999, avec Graine d'Archimède : mais il n'y aura qu'un numéro zéro consacré à l'éclipse totale de soleil qui allait avoir lieu. Justement au sujet de cette éclipse, il organise en Picardie avec Gérard Oudenot plusieurs présentations, jusqu'au jour J où il y aura 8000 personnes.
|
Soucieux de suivre son temps, mais aussi fatigué des problèmes liés à la publication papier, il crée fin 2000 sur internet le concours "1, 2, 3, mathématiques de l'an 2000", à destination des lycéens. Puis en 2001, il démarre une revue internet nommée les Héritiers d'Archimède. Il réédite en 2001-2002 son concours internet qui aura plusieurs éditions jusqu'à celle de 2006-2007 ; il est particulièrement fier que son ami Hubert Curien, qui a été entre autres ministre de la recherche et président de l'Académie des Sciences, mais qui est aussi membre du comité d'honneur de l'ADCS, accueille en 2003 et 2004 à l'Observatoire de Paris et au Sénat les lauréats de ses concours. En 2003, il écrit un bel hommage à André Viricel : il venait d'être très touché par le décès de son ami, un des piliers de l'ADCS. Pour marquer le 100ème anniversaire de la mort de Jules Verne, il co-organise en 2005 à Amiens plusieurs conférences scientifiques avec l'Université de Picardie, l'ESIEE Amiens et l'URISP-CNISF. Plusieurs conférenciers conviés par Yves Roussel sont des membres de l’ADCS : Christian Boyer, Michel Criton, Alain Dupas, Jean-Pierre Kahane, Gérard Oudenot, Yves Quéré, Gérard Verroust. Voir par exemple ici la conférence "Recours à l'informatique sur un problème d'Euler et de Lucas". Toujours en 2005, il co-écrit avec plusieurs membres de l'ADCS le livre "Maths & jeux d'Hanoï, d'aujourd'hui, d'hier et d'ailleurs" qui sera ensuite republié en 2008 par les éditions Vuibert sous le titre "Drôles de maths !" |
Il connaissait bien Martin Gardner, dont il avait traduit un livre en 1979. En 2008, il propose par téléphone à Martin Gardner, qui en aurait accepté le principe, de venir en France. Yves voulait organiser un événement en son honneur. Mais il n'ira pas au bout de son projet. Yves est décédé le 13 novembre 2009. Après la cérémonie qui a eu lieu au crématorium du cimetière de la Madeleine à Amiens, ses cendres ont été déposées sur la tombe de son père à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), où reposent aussi sa mère et ses grands-parents paternels. Martin Gardner est mort seulement six mois plus tard, en mai 2010.
En octobre 2010, l'ADCS est dissoute, elle ne pouvait survivre à son président-fondateur qui y avait consacré sa vie.
Biographie d'Yves Roussel, par Alain Zalmanski
Le grand œuvre d'Yves Roussel a débuté le 24 novembre 1972 avec la création, à son initiative, de l'Association pour le Développement de la Culture Scientifique (ADCS) dont l’objet officiel était de "favoriser l'activité scientifique, notamment chez les élèves de l'enseignement secondaire et technique". Pour les membres, Yves avait réussi à intéresser et à motiver des scientifiques de tous horizons, informaticiens, architectes, enseignants, astronomes …, issus de l'Éducation nationale ou de services publics comme de l'industrie privée.
|
L'ADCS a édité à partir de février 1973 une revue interdisciplinaire paraissant dix fois par an, destinée aux collégiens : Le Petit Archimède. Elle était essentiellement consacrée aux récréations mathématiques auxquelles Yves Roussel se consacra pendant près de 20 ans. Cette revue de trente à quarante pages simplement agrafées comportait le plus souvent deux ou trois articles détaillés, et une rubrique de problèmes. Très utilisée au cours des années 1970 par les enseignants des collèges en France, elle complétait avec humour et un grand savoir didactique le cursus imposé alors par les mathématiques modernes grâce à une multitude d'anecdotes et de thèmes abordés, présentés sous forme récréatives : cryptarithmes, numération et applications du codage binaire, calendrier perpétuel, codes secrets, dénombrements, carrés magiques et plus généralement problèmes de placement de nombres sur une grille, problèmes d'arithmétique et de géométrie. En fait, l'analyse était la grande absente de ce journal, ce qui d'ailleurs en rendait la lecture accessible aux plus jeunes. André Myx, G. Walusinski, M. Dumont faisaient partie avec Yves, du premier comité de rédaction. |
Une place importante était réservée aux textes liés au langage, des pastiches à la logique. Accessoirement on y rencontrait, des tribunes et échanges sur des questions touchant aux sciences (physique, chimie, biologie, informatique, linguistique), sans compter les notes de lectures incitatives, le PA donnant amplement la parole à ses lecteurs qui furent rapidement nombreux à se manifester, pour poser des énigmes, écrire des textes, fournir des références ou suggérer des pistes récréatives.
Gagné par son succès d’audience, PA étoffa son comité de rédaction avec J.-M. Becker, P. Christofleau, R. Cuculière, M.-L. Dehu, M. Odier, M. Schaeffer, J-C Herz, ce dernier devenant directeur de la publication.
Présent sur tous les fronts, rédaction, publicité, sollicitation de rédacteurs, recherche d’abonnements de groupes – et de crédits – Yves se dépense sans compter. Quiconque écrivait pour proposer un article, soumettre une idée ou effectuer une remarque se voyait aussitôt questionner sur ses aptitudes à prendre en charge tel ou tel aspect de la gestion du PA et faire partie de l’ADCS. C’est ainsi qu’en m’informant en 1980 sur un article de Luc Étienne et les palindromes phonétiques, je fus immédiatement recruté, l'association et le journal manquant d’ingénieurs chimistes et je fus chargé … de la gestion de l’annuaire de l’ADCS qu’Yves n’arrivait plus à maîtriser. Ou toujours en 1980, il propose au jeune étudiant qu’était, à l’époque, Christian Boyer, de démarrer sa propre rubrique dans le journal, après que celui-ci ait (bien ?) répondu à des problèmes mathématiques de Roger Cuculière.
|
Malheureusement le nombre d’abonnés nécessaire à la survie du périodique est insuffisant, malgré la fidélité de son lectorat et le total bénévolat qui anime ses rédacteurs. Avec l’Assemblée générale de juin 1983, prend fin cette aventure et il est décidé de changer la forme du journal après le n°100. Ce dernier annonce en février 1984 la création du Nouvel Archimède « Revue d’information, de réflexion et d’activités scientifiques » s’adressant non seulement aux élèves des lycées et collèges, mais aussi aux étudiants des grandes écoles et des universités. Avec une nouvelle formule d’abonnement et de dépôt-vente, un format A4 et quatre numéros par an, mais toujours auto composée dans les locaux de -et par- l’ADCS ; le premier numéro sort en juin 1984. Malgré la réduction des coûts, au détriment parfois de la qualité des illustrations, le Nouvel Archimède s’essoufflera et se terminera avec le n°11 de l’été 1986. |
|
Yves Roussel ne désarme pas et après nombre de tractations, suscite un nouveau successeur, le Jeune Archimède, avec de nouvelles rubriques, une parution réduite à cinq numéros par an, coéditée par la Fédération Française des Jeux Mathématiques, avec une mise en page professionnelle, une couverture en bichromie ; tout semble en place pour offrir un beau parcours au Jeune Archimède dont le n°1 est daté de septembre 1989, avec entre autres Francis Gutmacher rédacteur en chef, Gilles Cohen directeur de la publication et Francis Casiro à la maquette et la toute nouvelle PAO. André Viricel (mathématiques) et André Deledicq (rubrique histoire des sciences) font partie du comité de rédaction. Las, malgré une réception pourtant favorable, les abonnements ne sont pas au rendez-vous et l’équilibre financier n’est pas atteint ; le Jeune Archimède est à son tour obligé de cesser sa parution, au bout de cinq ans, avec son n°20 daté d'octobre 1993. |
|
Pourtant, même avec la préoccupation majeure du périodique qui avait investi, à tout point de vue, une très grande partie de sa vie, Yves avec le dynamisme, et la créativité qui le caractérisaient avait toujours quelques fers au feu, recherchant auprès des pouvoirs publics (Conseil général de la Somme, Région Nord-Pas-de-Calais, Ville d’Amiens, ...) ou d’institutions (Palais de la Découverte, CNAM, FFJM) ou d’entreprises privées (IBM, Atochem, Bayer, éditeurs) les aides financières ou matérielles pour mener à bien des projets qu’il tentait de promouvoir, sans jamais sembler se décourager par d’éventuelles incompréhensions ou refus de ses interlocuteurs.
Mais revenons sur l’ADCS à qui Yves imputait toutes ses actions, et pour laquelle il dépensait son énergie, et souvent ses propres deniers. Il se faisait une joie d’en organiser les assemblées générales autour d’animations originales :
Président de l’ADCS, ses actions de promotion, d’orientation, de coordination furent déterminantes, sa modestie lui faisant attribuer à son association, par antonomase, toutes ses actions. Il l'avait fait reconnaître par le Ministère de l'Éducation Nationale, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, la Délégation Régionale à la Formation Professionnelle. L’ADCS se voulait un lieu de débat pour une meilleure connaissance de la science, des technologies et de leurs relations avec la société, un centre de réflexion privilégié, une force vive de progrès, promoteur du dialogue science-société. Yves, bien entouré d’un Conseil ravi d’avoir un président aussi actif, pouvait donner libre cours à son goût du contact profondément humain et à son appétit du savoir et de sa transmission vers les jeunes en particulier
Les revues scientifiques interdisciplinaire précitées, parues pour les jeunes de collèges de 1973 à 1993, Le Petit Archimède, puis Le Nouvel Archimède et enfin Le Jeune Archimède, ses deux successeurs, représentent 131 numéros qui ont été diffusés en France et dans 40 pays étrangers.
Mais le travail d’Yves, qui ne bénéficiait pourtant que d'une demi-décharge de cours et dont on se demande où il prenait le temps pour tout faire, c’était également :
Est-ce tout : que nenni, ce diable d’homme d’une pugnacité égale à sa simplicité, son enthousiasme (communicatif) et sa modestie a entraîné nombre d’entre nous vers des projets superbes, ne parvenant pas à aboutir parfois car trop ambitieux, parfois faute de trouver des partenaires, mécènes ou sponsors qui assurent les frais de fonctionnement du projet, au-delà de l’investissement en matériel et matériau.
|
|
Depuis son installation à Amiens, Yves Roussel passait de plus en plus de temps – trop sans doute – dans le local de l’ADCS ou au collège Sagebien. Il a habité Amiens jusqu'à sa mort le 13 novembre 2009. Nous garderons le souvenir d’un homme engagé, infatigable, plein d’imagination, sûr de sa bonne cause au service de la Science et des élèves, surtout les plus jeunes. Il était de plus d’une grande convivialité et d’une extrême courtoisie. S'étant présenté au téléphone, en mon absence comme « Roussel, d’Amiens », mon plus jeune fils, âgé alors de 10 ans, avait transcrit : « Damien Roussel t’as appelé » ! « Damien » nous ne t’oublierons pas. -------------------------------------------------------------------------------------------------- |
Article de Jean Capron paru dans le Bulletin Régional de l'APMEP Picardie, n°11 d'octobre 2010